Mettre fin à la pollution plastique : Ottawa prépare le terrain pour la dernière ronde de négociations

 

La quatrième session du Comité de négociation intergouvernemental sur la pollution plastique (CNI-4) s’est tenue du 23 au 29 avril à Ottawa, au Canada. Organisé sous l’égide des Nations Unies, l’objectif du Comité est de conclure un traité international sur la pollution plastique d’ici la fin de l’année. La présidence belge et l’Union européenne ont soutenu une position ambitieuse couvrant l’ensemble du cycle de vie du plastique et limitant l’utilisation de produits chimiques préoccupants.

Pollution plastique : un enjeu mondial

La pollution plastique, en augmentation rapide, est devenue un problème environnemental et sanitaire mondial. Des centaines de millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde et s’accumulent tout autour de nous. Les déchets plastiques obstruent les cours d’eau, forment des îles artificielles dans les océans et étouffent la biodiversité en mer et sur terre. Les produits chimiques qu’ils contiennent pénètrent dans le sol, les cours d’eau, les eaux souterraines et même dans notre corps humain, car des particules de plastique ont été trouvées dans le placenta, le lait maternel et le sang humain.

Vers un accord international juridiquement contraignant

Dans ce contexte, en mars 2022, l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA) a mandaté un Comité de négociation intergouvernemental (CNI) pour élaborer un accord international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin. Le Comité a commencé ses travaux en décembre 2022 (INC-1). La réunion d’Ottawa est la quatrième et avant-dernière série de cinq sessions de travail du CNI, qui vise à conclure les négociations en novembre 2024, lors d’un dernier cycle de négociations (CNI-5) qui se tiendra à Busan, en République de Corée.

La présidence du Conseil de l’Union européenne joue un rôle clé lors des sommets et des conférences des Nations Unies. Par son action, elle doit assurer la coordination entre les États membres de l’UE et permettre à l’Union de véhiculer efficacement ses ambitions environnementales au niveau international.

Depuis 2022, la Belgique est membre, aux côtés de l’UE, de la High Ambition Coalition (HAC), un groupe de 66 pays engagés à adopter un traité ambitieux et juridiquement contraignant, basé sur une approche globale et circulaire, pour mettre fin à la pollution plastique d’ici 2040. Dans cette optique, lors du CNI-4, la présidence et l’Union européenne ont appelé à un « changement de paradigme » pour parvenir à un accord solide et durable qui couvre l’ensemble du cycle de vie des plastiques et ouvre la voie à l’avenir des plastiques. économie circulaire.

La présidence à Ottawa pour relever ce défi

Au cours de la session de la CNI-4, les délégations ont travaillé sur un projet de texte révisé du futur instrument, qui a été compilé par le Secrétariat sur la base des discussions des sessions précédentes. Deux groupes de contact ont été formés dans le but de progresser dans la rationalisation du texte proposé. Après avoir examiné les positions de tous les membres du Comité et rationalisé le projet de texte révisé, des négociations textuelles ont eu lieu sur un certain nombre de mesures clés, telles que la production primaire de polymères plastiques, la conception des produits, la responsabilité élargie des producteurs (REP), les engins de pêche, la pertinence des Plans nationaux de mise en œuvre et de mobilisation des ressources. Cela a abouti à un texte consolidé reflétant les points de vue de tous les membres, y compris les priorités de l’UE et de ses États membres. Ce texte servira de base à la prochaine session de négociations à Busan, en novembre 2024.

Néanmoins, il reste beaucoup à faire pour réduire les écarts de compréhension et aplanir les divergences sur la portée et l’objectif du futur traité avant d’éventuellement proposer cet instrument à l’INC-5. Ces divergences sont particulièrement visibles sur :
La définition du champ d’application couvrant le cycle de vie complet des plastiques et l’inclusion de mesures visant à réduire la production de plastiques et à restreindre les produits chimiques préoccupants. Pour l’UE, ces sujets devraient être couverts dans le champ d’application de l’instrument
L’adoption de règles mondiales communes ou de mesures volontaires. Pour l’UE, le traité doit être fondé sur des objectifs mondiaux et des engagements contraignants au niveau international.

Un gros travail technique reste à faire. La Présidence est donc satisfaite de la décision de créer deux groupes d’experts ad hoc , qui ont reçu pour mandat de poursuivre cette préparation technique, pour examen final par le CNI lors de sa 5ème session. Ces efforts seront essentiels pour parvenir à un accord sur des questions cruciales, telles que :
Les critères relatifs aux produits en plastique, aux produits chimiques préoccupants et à la conception des produits, en vue d’accroître leur sécurité, leur réutilisation et leur recyclabilité ;
Les moyens de mise en œuvre du futur instrument (la mise en place d’un mécanisme financier et l’analyse des sources et moyens potentiels de mobilisation des ressources.)

Il reste encore sept mois avant que les négociateurs ne se rendent en République de Corée. Entre-temps, la présidence belge a souligné dans son discours de clôture que « nous devons faire mieux. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que nous n’ayons plus de remèdes pour lutter contre la pollution plastique. L’UE et ses États membres souhaitent continuer à jouer un rôle constructif dans ce processus, en s’engageant sur la base d’une confiance mutuelle et en consolidant davantage les ponts qui unissent nos nations dans notre effort collectif pour décider de mesures ambitieuses visant à mettre fin à la pollution plastique et à préserver notre santé. et notre planète.”